L’Ayahuma, le Cobra et Moi

Reportage Gonzo d’un Écrivain en Cure de Plantes

Le Cobra, animal de pouvoir rencontré lors d’une cérémonie d’ayahuasca, avec une fleur d’ayahuma

PHASE 1

Et dire que je croyais que tout était foiré. C’est dingue à quel point on peut se planter total dans la vie. Faut dire, y me faut jamais beaucoup de temps avant de déclarer d'un ton sinistre que tout est perdu. C’est mon côté nihiliste. Accompagné d’une note de désespoir hystérique, comme dirait Tyler Durden.

La maloca

La maloca où se déroulent les cérémonies d’ayahuasca

La scène se situe dans une maloca, quelque part en Amazonie péruvienne. La veille, j’ai remis ça avec l’ayahuasca après la débâcle de la Colombie.

Je vous ai pas raconté ? Là-bas, j’en ai repris pour la première fois après la mort de Wish, le Shipibo qui m’a initiée au truc. Ce chaman colombien, un Tikuna, était pourtant du genre sérieux. Simplement, il avait pas du tout la même approche de la plante que Wish, et sa préparation était trop soft pour moi. Certains indigènes considèrent que les visions, c’est un trip pour les occidentaux, qui selon eux, utilisent l’ayahuasca comme une drogue, et, comment dire… Ils mangent pas de ce pain-là. Ils la préparent donc avec très peu de chacruna, ces feuilles pleines de DMT induisant les visions.

Ajouté au fait que fumer était drastiquement interdit chez lui, bref, j’étais pas du tout dans mon élément. Dommage. Son endroit était génial, et son savoir encore plus.

C’est comme ça que je me suis retrouvée à tracer la route (enfin, le fleuve Amazone en l’occurrence) direction le Pérou. Débarquée à Iquitos. La ville a putain de changé depuis 15 ans que j’y ai pas refoutu les pieds. Y flotte. Je me dégote un hôtel. J’ai pas de plans pour l’ayahuasca, et pas la moindre intention de faire confiance à internet pour en trouver un. Ce bled regorge de faussaires, Google aussi. Pour le biz de l’ayahuasca, on fait pas pire qu’Iquitos, bordel.

Et puis je tombe sur cette Française. A l’hôtel, eh ouais, même pas besoin de bouger son cul. Elle me parle de cet endroit, à 7h de bateau. De la Maestra (elle s’appelle Alicia, mais tout le monde dit La Maestra), femme chamane qui officie là-bas.

Quand je vous dis que c’est toujours l’ayahuasca qui te trouve…

Les chamans

Gardel et la Maestra, les chamans, un soir en mode chill…

Pourtant, la première cérémonie que je fais, dirigée par un chaman mec (son nom est Gardel, c'est l'autre chaman du centre, la Maestra n’est pas là) a de quoi me déprimer. Ma conscience frémit, mon corps gronde, mais même avec deux tasses d’une ayahuasca drôlement forte, ça veut pas venir, putain. Durant la session, je chiale en pensant à Wish. Je suis pas chez les Shipibo ici, et les icaros sont franchement différents. Ça me manque. Je me dis que c’est peut-être pour que ça que ma transe n’arrive pas à décoller.

Le lendemain, le boss de l’endroit, un Italien, Fabrizio il s’appelle, nous propose à la Française et moi, et à quelques gringos qui se trouvent là, une cérémonie de mambé, cette poudre de feuilles de coca qu’on se colle sur la gencive après y avoir appliqué de l’ambil, pâte de tabac. Un truc sacré chez les Colombiens, qui vivent avec en continu, tout comme les Boliviens avec les feuilles elles-mêmes, qu’ils gardent toujours au creux de la joue. Le mambé te filant un petit coup de pied au cul, l’idée du truc est de parler de la cérémonie d'ayahuasca de la veille à cœur ouvert, chacun son tour, du style cercle de parole, sans jamais interrompre celui qui cause.

Voilà comment on en arrive là. A moi, désespérée, en train de chialer ma race devant tous ces inconnus. A leur dire que je crois que l’ayahuasca veut plus de moi, et que Wish me manque. Enfin, je m’éternise pas non plus des masses à pleurer sur mon sort. Je méprise l’autoapitoiement, et puis Fabrizio m’apprend qu’il m’a sondée la veille, durant la cérémonie. Ça fait 3 ans qu’il est là, qu’il a ouvert ce centre, et l’enfoiré cumule plus de 300 sessions d’ayahuasca, donc ce qu’il a vu sur moi m’intéresse.

J’oublierai jamais cette façon qu’il a eue de dire ça. Comme ça, sans préliminaires : You are so stroooooooooong !!!

La maloca du centre Paojilhuasca, vue de l’intérieur

Ouais. Apparemment, il a jamais vu quelqu’un d’aussi fort que moi. On peut dire que ça me remet en selle, d’autant plus qu’en évoquant mes bouquins, plus tard dans la cérémonie, je capte que j’ai trouvé à qui parler : un révolutionnaire, qui place la liberté au-delà de tout. Comme moi.

Et pour finir cette soirée foireuse, ce putain de yopo. Une poudre de graines d’un arbre brésilien, dont la concentration en DMT est super élevée, qu’on t’envoie dans le nez grâce à ces espèces d’insufflateurs qu’ils ont ici, dont on se sert principalement pour le rapé, tabac à priser local.

J’ai jamais été aussi proche du badtrip de ma vie, et pourtant j’en ai pris des trucs puissants ! Les visions que j’ai eues étaient proches de celles de l’ayahuasca, à part qu’elles étaient en mode fast & furious, un truc ingérable… Moi qui recommande toujours de pas lutter contre ce qui arrive (n’importe quoi qu’arrive) avec les substances, psychédéliques ou pas, bah ce coup-ci, j’en ai été incapable. Et y se trouve que Fabrizio, je considère qu’il m’a sauvé la vie. Il s’est passé un truc très fort entre nous quand je badtripais, et je me suis complètement accrochée à lui, psychiquement et physiquement.

Je crois que c’est ça, par-dessus tout, qui m’a incitée à revenir.


PHASE 2

Je suis rentrée sur Iquitos, j’ai prévenu tout le monde que je coupais contact pendant plusieurs semaines, j’ai fait mon baluchon et trois jours plus tard j’étais de retour dans la jungle.

Avec l’ayahuasca, chaque cérémonie est intéressante, mais y en a toujours quelques-unes qui se démarquent du lot. Celles qu’on a envie d’appeler des Grandes Cérémonies. Le genre d’expérience où tout s’emboîte, où les pièces du puzzle sont enfin réunies.

C’est ce genre-là auquel j’ai eu droit le soir même de mon retour. La Maestra officiait.

J’ai finalement compris ce que je voyais depuis ma toute, toute première cérémonie, quand j’avais 20 piges. 52 cérémonies plus tard, à 34 ans, vous me direz, il était temps.

Ces formes lumineuses en mouvement, qui dansent et se transforment au rythme des icaros. Cet or que mon ancien maestro plaçait en moi. Ces architectures organiques ou au contraire effilées, comme célestes, qui colonisent ma conscience…

Tout ça, c’est l’énergie. C’est elle que je vois depuis mes débuts avec l’ayahuasca. C’est le langage visionnaire qu’elle a choisi, qu’elle a créé, pour s’adresser à moi. Notre idiome, rien qu’à toutes les deux.

Les étagères de medicina : ayahuasca, mambé, rapé, yopo, kambo… mapacho !

Les étagères de Medicina : ayahuasca, mambé, rapé, yopo, kambo… mapacho !

C’est en parlant avec les autres que j’ai réalisé que j’étais la seule à avoir ce type d’expérience. Pour eux, le schéma basique d’une cérémonie, c’est des fractales qu’ils finissent par dépasser pour entrer dans le monde des visions, qui s’apparentent en fait à des rêves. Des images réalistes. Des Hommes, des animaux, des univers. Des aliens. S’il m’est arrivé d’en avoir, c’est loin d’être ce qui constitue mon expérience majoritaire.

Ce que je vois, moi, c’est l’énergie.

Celle qui se dégage du chaman, de ses icaros, celle des plantes dont il entonne la chanson spécifique, celle des autres participants, celle de la jungle, et puis… celle des esprits.

Expliquer la façon dont j’ai tilté lors de cette session, ça va pas être possible. Avec l’ayahuasca, on sait les choses, point barre, et vu que cette compréhension ne provient pas de l’esprit logique et rationnel, elle demeure inexplicable.

Comprendre enfin la signification de mes visions, c’était une putain de révolution.

Mais c’était que le début.

Ceux qu’ont lu mes Carnets d’ayahuasca savent que des gestes, j’avais déjà commencé à en faire pas mal durant mes précédentes cérémonies. Alors que la plupart des gens se tiennent tranquilles, moi, j'arrête pas de bouger ! Recueillir la medicina dans mes mains, l’appliquer sur mon front, secouer mes épaules et sentir mes ailes pousser, frapper sur ma poitrine… Mais jamais encore j’avais été aussi déchaînée !

Mes mains se mouvaient toutes seules avec une vitesse stupéfiante pour agripper l’énergie des chants de la Maestra, m’en emparer, puis m’en parer, la faire tourbillonner autour de moi, me baigner avec, la faire danser à mon tour…

Un exemplaire de Borderline devant des bouteilles d’ayahuasca

L’exemplaire de Borderline laissé au centre histoire de filer du grain à moudre aux futurs diéteurs…

Jusqu’à ce moment où j’ai placé la tranche de ma main droite contre mon front, où l’entièreté de mon esprit s’est concentrée en une ligne au centre de ma tête, aussi fine et coupante qu’une lame acérée, pour faire jaillir mon intention.

Ce serait d’ailleurs le moment d’en parler, de mon intention. Qu’est-ce qu’une meuf comme moi, sans problème particulier, s’en va foutre dans la jungle pendant trois mois ?

Eh bien, puisque cette meuf est écrivain et que l’idée qui la hante est de terminer sa saga Borderline en explosion digne d’Hiroshima, elle s’en va chercher du pouvoir. Et de l’inspiration. Mais surtout, une volonté, une rectitude, une droiture à faire pâlir d’envie le plus enfiévré et déterminé des samouraïs. Parce que c’est de ça qu’elle a besoin pour écrire comme Travis, l’anti-héros de ses livres. Pour se rapprocher toujours plus de lui. Et être en mesure, à la toute fin, de comprendre et de transcrire le dernier de ses choix…

Et donc, mon esprit est devenu une ligne, puis une flèche, mes mains ont saisi un arc, l’univers entier est devenu ma cible, et mon esprit a projeté la flèche de son intention vers l’infini.

C’est après ça que l’Ayahuma m’a appelée. J'en savais vraiment très peu au sujet de cette plante. Elle figure même pas dans Borderline. La Maestra s’est mise à entonner son icaro (en la citant plusieurs fois dans la chanson, qui était en espagnol), et moi… je me suis mise à suffoquer ! Assise face à la chamane, la bouche ouverte, l’esprit bloqué, l’air entrait en moi par à-coups, comme si… je sais pas, comme si j’inhalais l’esprit de cette plante. Sur le moment, j’en ai pas spécialement fait cas, et pourtant le message était on ne peut plus évident.

J’ai alors plongé dans quelque chose d’autre. Quelque chose d’empoisonné…

Le monde des serpents.

Ayahuma : cet arbre puissant, magnifique, fait partie des plantes maîtresses d’Amazonie

L’Ayahuma en personne.

Je les ai vus flotter dans leur berceau de terre, sentis glisser dans mon ventre, ils m’ont fait vomir acide pour goûter leur poison, j’ai tremblé en comprenant ce que ça voulait dire, de vivre avec ce venin en soi et d’avoir le pouvoir de donner la mort en un éclair.

C’est là qu’il s’est présenté. Celui que j’attendais plus. Cet esprit bien spécial, propre à chacun, dont tout le monde au centre se targuait d’avoir identifié le sien et d’être sous sa protection. Mon animal de pouvoir.

Un cobra.

Un putain de cobra, nom de Dieu…

Enfin, il était là ! Enfin il se faisait connaître, enfin il émergeait de cette fréquence de ma conscience à laquelle j’avais jamais été foutue de me connecter ! Et il était plus beau, plus digne, plus puissant que tout ce que j’aurais pu espérer…

Je l’ai vu en face de moi, j’ai senti sa couronne se déployer atour de ma tête, il m’a observé avec ses yeux de reptile dont on ne peut jamais deviner les intentions, ce regard froid, hypnotique, comme tourné vers l’intérieur, qui contemple un monde que nous, humains, on sera jamais fichus ne serait-ce que d’imaginer…

Mon esprit gardien, c’était lui. Et en le découvrant, il me semblait récupérer enfin une part essentielle de moi-même.

C’est sans doute pour ça qu’ensuite, j’ai vu ma propre énergie. Pas celle des chants, pas celle des plantes.

La mienne.

C’est en appliquant ma main sur mon front comme je fais souvent (au niveau du troisième œil, là où se planque la glande pinéale) que je l’ai vue. Je déconne pas, j’ai fait le test. Quand j’enlevais ma main, elle disparaissait. Quand je la posais à nouveau, elle revenait. L’énergie de ma main droite, celle qui détient toute ma force, avec laquelle je fais tout. Cette main dont la tranche s’est posée sur mon front pour cibler mon intention.

Le dernier dessin que Bruno Leyval a fait de moi...

Le dernier dessin que mon pote alchimiste Bruno Leyval a fait de moi…

C’est une énergie d’un noir fumé, parcourue d’électricité bleue et rouge. Elle se meut comme la fumée d’un mapacho, et parfois elle brille comme si elle renfermait des diamants.

Elle était si belle que je suis tombée amoureuse de moi-même. Oh, je sais l’effet qu’une telle déclaration peut faire, et je vais pas me gêner pour enfoncer le clou : c’est un sentiment qu’est revenu maintes et maintes fois durant les cérémonies suivantes. C’est magnifique. C’est merveilleux de s’aimer de cette façon-là. Et vous savez quoi ? Ça n’a rien de malsain.

Cette découverte a rapidement été suivie par une autre. Ma main gauche, c’est de l’énergie blanche dorée qu’elle renferme. Cette main est beaucoup plus sensible, beaucoup plus faible que l’autre. C’est celle qui me sert pour sentir, et sa place est sur mon cœur. C’est le seul endroit qu’elle tolère. J’y reviendrai plus tard.


PHASE 3

Dès le départ, mon idée était de m’engager dans une diète de plante maîtresse en venant ici (si vous vous demandez pourquoi, filez lire cet article). Le tout était de savoir laquelle. Bien sûr, on peut toujours partir des infos qu’on a sur elles pour trouver la sienne, identifier ses problèmes personnels, et compter 1 + 1 = 2. Sauf que c’est carrément anti-intuitif, comme délire, et que la médecine amazonienne est bien plus subtile que ça.

La fleur de l’Ayahuma, plante maîtresse d’Amazonie, qui sent diaboliquement bon !

La fleur de l’Ayahuma.

C’est l’Ayahuma qui m’a appelée. C’est elle qui m’a reconnue. Lorsque la Maestra a entonné son icaro, elle a cristallisé mon esprit et m’a fait suffoquer pour que je comprenne. Et il se trouve que cette plante (tiens tiens), c’est pas ce qu’on appelle une plante de guérison. C’est une plante de pouvoir (encore une fois, si vous êtes curieux, elle se trouve dans le Répertoire des Plantes Maîtresses).

Direct, Gardel m’a mise en garde à son sujet. Voici ce qu’il m’a dit en vrac : attention à ne pas tomber dans le piège de la sorcellerie (c’est-à-dire, utiliser les enseignements de cette plante pour nuire), avec l’Ayahuma quand tu diras non, ce sera non, et enfin, j’espère que tu veux pas d’enfants (carrément pas !) parce que cette plante va te rendre stérile. Parfait.

Fabrizio avait déjà diété l’Ayahuma, mais il était chaud de remettre le couvert, c’est donc ensemble qu’on s’est engagés dans cette diète, sans savoir combien de temps ça allait durer. On partait sur un minimum de 10 jours. Plus tard, en pleine diète, l’Ayahuma lui a dit lors d’une cérémonie d’ayahuasca (c’est souvent comme ça que ça marche, les messages des plantes maîtresses nous sont véhiculés grâce à elle) que la diète devrait durer un mois minimum. Ce qui ne nous a aucunement dérangés.

Je compte pas donner tous les détails de cette diète, ni de chaque cérémonie d’ayahuasca, au rythme de deux par semaine, que j’ai faites là-bas. Mais puisque je vous ai parlé de Gardel y a quelques lignes de ça, sachez qu’il nous a bien chambrés tout le long du truc ! C’était tellement bon quand il s’adressait à nous durant les cérémonies, entre deux chants, du style : Et maintenant, un icaro pour les deux ayahumeros là-bas (ça nous tordait de rire Fabrizio et moi), avant de se mettre à chanter son icaro de l’Ayahuma, qui nous faisait rayonner de fierté !

L’arbre Ayahuma, plante de pouvoir amazonienne.

L’Ayahuma et ses fruits.

Un autre truc cool avec Gardel, après une session d’ayahuasca où j’avais été particulièrement déchaînée, à bouger mes mains pour recueillir sa medicina et frapper mes cuisses et mon torse au rythme de ses chants, il m’a appris qu’il avait eu une vision de moi en guerrière de l’Ayahuma, portant un casque constitué de la coque du fruit sur la tête, de la peinture indigène rouge sur le visage, et mes mains qui jetaient des fleurs d’Ayahuma de partout.

On voulait en faire un portrait, de cette vision, me déguiser exactement comme Gardel m’avait vue, et ça aurait donner de la matière à Bruno Leyval (quoi, z’êtes pas au courant de la putain de collab que je fais avec lui ? Foncez vers La Gardienne de la Plante, nom d’un chien !), mais finalement on a eu la flemme.

Les enseignements ont été progressifs, mais d’une clarté redoutable. Rapidement, je me suis rendue compte que ce qui m’arrivait était complètement connecté à l’histoire de Travis (c’est loin d’être la première fois que ça m’arrive. Pour ceux que ça intéresse, Les Entrailles de Borderline sont là pour ça). Et que j’étais en train de récolter un matos pour l’écriture de Borderline 5 dont j’aurais jamais pu rêver…

Ma chambre au centre d'ayahuasca, où j’ai écrit une grande partie de Borderline 5 !

Ma chambre, où j’ai écrit une grande partie de Borderline 5.

J’ai énormément écrit durant ces deux mois, incorporant directement mes expériences à mon livre. J’aurais pas pu imaginer la direction que ça allait prendre, et encore moins inventer ces idées qui me sont venues grâce à cette expérience. Quand je vous dis qu’un écrivain a besoin de VIVRE pour écrire convenablement, vous pigez ou quoi ? Ce putain de truc était un rêve éveillé ! J’ai plus évolué en 3 mois qu’en 10 ans. Et je tiens désormais la fin incendiaire que je voulais pour finir ma saga en guerre nucléaire.

Ce que je vivais était lié à Travis, mais pas que. J’ai tendance à penser ma vie selon celle de mon personnage, mais faut parfois aller plus loin qu’une simple “idée qui déchire pour son roman”.

Grâce à l’Ayahuma, j’ai travaillé sur mes croyances. Vous savez, ce concept qui décrète que c’est vous, votre conscience et vos intentions, qui créez la réalité qui vous entoure, aussi merdique soit-elle ? C’est pas que ma réalité soit dégueu, mais y avait encore quelques petits trucs qui bloquaient, et ce coup-ci, je sais que je les ai bel et bien réglés. Parce que tout ce que je veux, c’est que mon esprit soit encore plus libre, ma vie encore plus freestyle !

Assumer l’entière responsabilité de son existence, c’est fort, comme machin. Refuser catégoriquement d’être influencé, défini, étiqueté, et encore pire, déterminé par un quelconque passé, par ses peurs ou ses “traumatismes”, ça te donne un pouvoir dans le présent, une force que tu peux même pas imaginer. J’ai souvent parlé du statut de victime, opposé à celui de guerrier, dans mes articles (notamment ceux sur Nietzsche ou Bret Easton Ellis), c’est un truc qui me tient à cœur. J’étais en plein dans le thème.

Gardel et le fruit de l’Ayahuma !

Gardel et le fruit de l’Ayahuma !

L’Ayahuma, ce qu’elle m’a appris, en un mot, c’est la droiture.

Mobiliser sa volonté et son esprit, transformer son intention en flèche, viser la cible avec la rectitude d’un moine Shaolin, et tirer en plein dans l’univers. C’est comme ça qu’on devient créateur de sa putain de réalité.

D’ailleurs, elle m’a laissé une cicatrice de guerre. Je la sens lors des séances d’ayahuasca. Elle me traverse l’œil gauche et monte sur mon front, en biais, m’escaladant la tronche jusqu’au milieu de la tête. Et j'en suis putain de fière !

D’une certaine manière, tout me semble lié : l’énergie que je suis capable de voir et de manipuler. L’Ayahuma qui m’a transformée en machine de guerre. Et ce putain de cobra qui est revenu, à chaque bon Dieu de cérémonie, pour m’enseigner une nouvelle chose, au point que je l’identifie à présent comme mon maître…

 

Bordel, cet article ressemble de plus en plus aux délires d’un Raoul Duke à fond de mescaline.

Revenons à la Phase 3 :

L’Énergie

L’énergie, j’ai peu à peu appris à la gérer. Lors de ma troisième cérémonie, j’ai demandé à l’ayahuasca de m’apprendre à la contrôler, mais ça a été si intense que je suis restée paralysée, comme si la plante me disait : Arrête de te la péter, cocotte. Tu vois l’énergie, OK, mais t’es loin d’être assez forte pour commencer à jouer avec elle

La Gardienne de la Plante, par Bruno Leyval. Inspirée de Zoë Hababou.

Un autre dessin de Bruno Leyval, étrangement évocateur…

Par exemple, j’ai tenté de sonder l’énergie de Frabrizio, mais je me suis fait tej par la Mucura (plante qu’il avait diétée peu de temps auparavant, en vue de se protéger de l’attaque de sorcellerie des jaloux qui manquent jamais de se manifester quand un centre d’ayahuasca marche bien pas loin de chez eux). Impossible de la lire. Je me suis fait foutre à la porte, énergétiquement parlant. Ce n'est que plusieurs sessions plus tard que j’ai finalement été en mesure de la voir, son énergie. Elle était comme le vent du désert, mouvante, insaisissable, un putain d'écran de fumée. Mais magnifique.

Puis, y a eu le truc avec les mains. Elles se sont mises à vivre leur vie propre en cérémonie. Ça commençait toujours par un fourmillement, quand la transe était en train de monter, ensuite elles s’élevaient toutes seules dans les airs et commençaient à faire leur truc. Je me doute que ça peut sembler cinglé… Lors de sa première session, un Norvégien a vu des rayons laser sortir de mes doigts. Ça vaut ce que ça vaut.

C’est que vers la fin que j’ai compris que ma main noire, très puissante, capable de se mesurer à l’énergie des autres, était celle qui me servait à faire, à agir, tandis que la main blanche, ultra-sensible, était là pour sentir, lire l’énergie du monde… Quand elles sont ensemble à s’agiter, tout va bien. J’imagine que ça crée un certain équilibre. Le problème, c’est quand la main blanche se retrouve seule. Elle supporte à peine ce qu’elle reçoit. Alors que la noire se déchaîne et joue les chefs d’orchestre cosmiques, la blanche, quand elle se tend timidement devant moi pour se mesurer au monde, elle tremble, se rétracte, et rapidement revient contre mon cœur, seul lieu où elle se sent en sécurité.

C’est un truc que je vais devoir travailler. Je suis loin de me considérer comme hypersensible, mais je peux pas nier ce qui se passe en cérémonie. Ces mains ne sont que des récepteurs. Elles me connectent à l’univers. Donc, quand la blanche se montre si faible face à ce qu’elle perçoit, c’est que c’est moi, en réalité, qui supporte pas de ressentir le monde…

Mais bordel, ce que fait la noire est incroyable, et ça aussi, c'est réel !

L’Ayahuma

Des diètes de plantes maîtresses, j’en avais déjà fait deux : l’Ajo Sacha y a 15 ans, la Numan Rao y a 3 ans. A l’aune de mon expérience avec l’Ayahuma, je comprends maintenant que j'ignorais ce que ça signifie vraiment, devenir ami avec l’esprit d’une plante, d’en faire un allié. Un enseignant. Et, dans une certaine mesure, un maître.

Les leçons de l’Ayahuma nous sont parvenus de différentes manières, à Fabrizio et moi. Parfois, l’un recevait un message qui s’adressait à l’autre. Ces messages, on les obtenait au travers d’un rêve, d’une vision d’ayahuasca, ou encore… directement dans la réalité ordinaire, comme le soir où c’était la dernière fois qu’on la buvait (le mois de diète était fini), et que, l’un comme l’autre, alors qu’on l’avait bue un mois entier sans broncher… on l’a vomie. Le dernier verre n’est tout simplement pas passé. La plante nous disait : C’est bon, mission accomplie, z’avez plus besoin de moi les gars !

Lors de la cérémonie d’ayahuasca de cette fermeture de diète, d’ailleurs, lui et moi on a reçu le même message : succès total. Couronnement. Bon boulot, les mecs.

Forêt de bébés Ayahuma !

Quelques jours plus tard, pas loin de la douche, alors que je faisais des plantations sur le terrain, je suis tombée sur ça : un tas de petits bébés Ayahuma qu’avaient poussés tout le long du temps où on s’était lavés avec le fruit de cet arbre, répandant les graines sans y faire attention, et sans remarquer à quoi la terre était en train de donner naissance… Une putain de forêt d’Ayahuma !

Je sais ce que vous allez dire. Des graines, normal que ça pousse quand on les sème pendant un mois en pleine jungle. Sauf que Gardel a donné un millier de bains d’Ayahuma dans sa vie, et qu’il a jamais vu ça. C’était le dernier cadeau que la plante nous faisait. Pendant un mois entier, tous les 3 jours, on s’était rendus à l’autre bout du village pour aller récolter l’écorce à faire bouillir et les fruits qui pèsent trois tonnes pour les boire et se laver avec. A présent, l’Ayahuma va croître directement au centre. C’est pas un putain de trésor, ça ?

Fabrizio a aussi rencontré l’esprit de cette plante, quelques jours après la fin de notre diète. Dans le chamanisme amazonien, faut savoir que chaque plante maîtresse a son esprit, qu’on appelle sa “mère”, qui, bien qu’elle puisse prendre une apparence différente selon la personne à qui elle se montre, n’en demeure pas moins connue et reconnue par beaucoup de chamans.

Par exemple, la mère de l’ayahuasca est un anaconda, celle du tabac un homme grand et ténébreux, celle de l’arbre Chullachaki, le fameux Chullachaki évidemment, Trickster de la Selva, ce nain avec un pied tourné dans le mauvais sens évoqué dans cette nouvelle… Bref, voyez le tableau.

Eh bien, Fabrizio, il a rencontré le Doctorcito sin cabeza, le Docteur sans tête, esprit de l’Ayahuma. Elle est marrante, sa vision. Fabrizio était comme un docteur lui-même, qui recevait une foule de patients qu’attendaient dans une sorte de salle d’attente. L’un d’entre eux était un grand type avec une capuche qui lui cachait toute la tête. Au moment de se présenter face à Fabrizio, il a retiré sa capuche et là… Y avait rien en dessous ! C’était le Doctor sin cabeza ! Fabrizio sentait son sourire et pouvait entendre son rire alors que l’enfoiré n’avait pas de tête, putain !

C’est le genre de vision que peut t’offrir l’ayahuasca, en te permettant de comprendre le sens de ta diète et en te connectant à l'esprit de ta plante. Ici, il pourrait être question d’avoir reçu le don de soigner, et d’être approuvé par l’Ayahuma en personne, qui peut pas s’empêcher de faire un petit trait d’humour au passage…

Tout ça peut sembler des détails sans importance, mais quand ils s’accumulent sur 3 mois (oui, ça a commencé avant la diète, et ça s’est poursuivi après…), y a plus de doute possible en ce qui concerne le lien qu’existe entre toi et ta plante.

Mais là, on parle que des trucs les plus évidents. Le gros du boulot, il se déroule en sourdine, dans le rapport qu’une personne entretient avec elle-même. Dans les variations qu’elle sent, les changements de perspective que sa conscience expérimente, les croyances qui s’ébranlent, l’énergie vitale qui monte, les schémas de pensée et de comportement qui mutent…

Et surtout, l’inspiration qu’elle retrouve envers sa propre vie.

Zoë Hababou à Iquitos, Pérou

Quand je dis que l’Ayahuma a fait de moi une guerrière pire que celle que j’étais avant, je le sais parce que durant toutes ces semaines, j’ai observé mon mental évoluer, depuis une cacophonie schizoïde jusqu’au silence. Je l’ai regardé tenter d’échafauder des plans puériles et pathétiques pour le futur, avant de se taire enfin face à la beauté, à la puissance du présent. Je l’ai senti entrer dans une paix, une force, une foi qu’il avait jamais connues.

Je l’ai vu mourir pour laisser vivre la conscience.

Petit à petit, je me suis approchée de mon rêve éternel, devenir un Surhomme, celui qui sait utiliser son pouvoir créateur pour engendrer sa réalité, entièrement responsable de chaque chose, pensée, idée, sentiment, qu’il laisse vivre en lui et… en dehors de lui (ce qui est la même chose).

Et donc, entièrement libre.

Je sais que c’est affreusement abstrait pour ceux qui ne maîtrisent pas ces notions…

Imaginez juste ceci :

Une fille déjà bien barrée, partie sur les routes du monde dans l’idée de s’inspirer pour écrire. Pour elle, s’inspirer, ça veut dire vivre, expérimenter. Mais encore pas mal de peurs la parasitent…

Celle d’être condamnée à faire serveuse-zombie à jamais, alors qu’elle rêve de consacrer sa vie entière à la seule chose qui ait du sens pour elle : écrire. Celle que ses livres ne rencontrent aucun succès, parce que ce qu’elle écrit est trop chelou pour être apprécié d’un large public. Et surtout, celle de passer son existence à tâcher de donner du sens à quelque chose qui n’a d’importance que pour elle, et que personne ne comprendra jamais.

Borderline dans la peau… Image réalisée par Bruno Leyval en cadeau à Zoë Hababou

A présent, prenez la même fille, 3 mois plus tard :

L’Ayahuasca, l’Ayahuma et le Cobra ont conjugué leur pouvoir afin de lui révéler la force qu’elle possède. Cette force, ils l’ont réveillée avec la danse de l’énergie, lui montrant qu’elle savait s’en servir pour rendre son intention plus efficace. Elle a dézingué les fausses croyances qui limitaient sa vie, comme celle lui chuchotant que les vrais artistes doivent en chier pour y arriver, que c’est une question d’honneur, de dignité. Et surtout, elle a réalisé que vivre sa vie comme elle le faisait, suivant sa propre route si spéciale, c’était la seule récompense, le seul accomplissement qu’y avait à désirer. Dans le présent. Parce que le présent, c’est tout ce qu’elle a, et c’est déjà pas si mal.

Voir la vie comme une lutte solitaire, c’est qu’une croyance, bordel, rien de plus. Ces conneries qu’on se raconte à soi-même. Elle peut très bien la voir comme un jeu déjanté où aucun mauvais choix n’est possible, où la seule règle est de s’éclater à mort et rien prendre au sérieux, et encore moins soi-même…


Le Cobra

Tout comme avec l’Ayahuma, ma relation avec mon animal de pouvoir, ou animal totem, s’est développée au fil du temps, jusqu’à recevoir un ultime enseignement la veille de mon départ, lors de ma dernière séance d’ayahuasca.

Cependant, il m’est interdit de dévoiler la teneur de ma relation avec lui, car les apprentissages d’un animal de pouvoir doivent rester secrets. Je vais donc me contenter de vous raconter ce que ce serpent signifie et symbolise dans le monde chamanique. C’est assez fascinant en soi…

Les personnes qui ont un serpent venimeux comme esprit gardien sont réputées pour se montrer agressives et intenses dans tout ce qu’elles font, frôlant parfois l’extrémisme et risquant de tomber dans des activités dangereuses et/ou illicites (sans déconner !).

Vives et intelligentes, ces personnes poursuivent ardemment ce qu’elles désirent, puis visent et tirent avec une précision mortelle quand la cible est en vue. Autant dire qu’il vaut mieux pas les vénère, car quand elles attaquent, elles ne manquent jamais leur proie et lui laissent des marques à vie.

Très à l’aise avec les sujets métaphysiques et ésotériques, elles peuvent avaler et absorber une grande quantité de “nutrition pour la tête” sans jamais souffrir d’indigestion.

Le Serpent apparait dans la vie d’une personne quand quelque chose en elle et dans sa vie est sur le point de mourir, et donc de se transformer. On parle ici d’un changement d’identité qui peut impliquer de transformer une toxicité en énergie de guérison, par exemple. Cette évolution dans un territoire créatif inconnu implique bien souvent un passage par les ténèbres. Quand la mutation est opérée, l’intuition et les visions deviennent plus précises.

Comme vous le voyez, le Cobra est loin d’être l’animal le plus pété du cul au sein de la clique des animaux totem. C’est même un putain d’honneur d’être choisi par lui ! On dit qu’il n’apparaît que lorsque l’élève est prêt à recevoir son pouvoir (oui, comme chez les bouddhistes : quand l’élève est prêt, le maître apparaît, et ça fonctionne pour un tas de situations dans la vie). Sa qualité principale ? Le don de métamorphose ! Ce bâtard cosmique est le roi de la vie, de la mort et de la renaissance, en vertu de ce truc propre à lui, changer de peau, muer, en gros donc, savoir se débarrasser d’une ancienne partie de soi, étriquée, déjà morte et donc inutile et encombrante, pour glisser vers l’avenir avec une nouvelle version de lui-même. Pas mal pour quelqu’un comme moi qui cherche à se surpasser !

Pour conclure, le Serpent incarne l’ouverture au monde cosmique, l’inspiration créatrice, et le pouvoir de guérison (il est vrai que certains lecteurs de Borderline considèrent que mes ouvrages recèlent un pouvoir curatif sur la conscience !).

Nuit après nuit, lui et moi, on s’est apprivoisés. Chaque fois, à chaque bon Dieu de cérémonie, il s’est pointé pour m’apprendre un nouveau truc de serpent, me faire pénétrer son univers, comprendre sa nature, et réveiller en moi son énergie…

Le cobra et l’Ayahuma

Quand le Cobra devient ton animal de pouvoir, ça signifie que t’es prêt à réveiller ta puissance cachée, et à devenir… ton propre maître. C’est un alchimiste de l'âme humaine. Et j’en reviens toujours pas d’avoir été choisie par lui !


PHASE 4

J’étais loin d’être une novice de l’ayahuasca au début de cette aventure, mais pour le coup, je viens de passer mon master. A présent, elle et moi, c’est plus du tout le même délire.

Préparation de l’ayahuasca, Iquitos, Pérou.

L’ayahuasca, j’ai été la chercher en bateau dans un village paumé (avec Gardel et Fabrizio évidemment), puis j’ai accompagné Fabrizio en moto sur une route de la mort digne d’un sauvage rallye pour aller dégoter la chacruna, j’ai écrasé des kilos de lianes à coup de marteau pour la cuisiner durant deux semaines d’affilée, j’en ai bu de toutes les sortes différentes (cielo, negra, raiz), parfois sans chaman pour officier, et… j’ai même dansé et chanté avec elle. En pleine journée.

Quand on cuisine l’ayahuasca, il est d’usage d’en boire un petit verre de temps à autre, tout le long de sa cuisson (ça cuit pendant 3 jours). Une fois, Fabrizio et moi, on a fait ça une journée entière. En commençant à 11h du matin.

Le premier verre m’a foutue dans un drôle d’état, plutôt inconfortable, alors je me suis mis un peu de musique pour aider à faire passer. Sans savoir comment, je me suis retrouvée à jouer le DJ toute la journée, prise d’une frénésie impossible à contrôler ! Y avait que nous deux au centre cette semaine-là, et on a dansé comme des timbrés, en mode lâchage total, en tournoyant comme des derviches dans la maloca, avec moi qui chantais encore en plus, dans un état de transe indescriptible, reprenant un verre alors qu’on était toujours à fond, animés de cette espèce de démence qui prend possession des drogués s’alignant ligne sur ligne alors qu’ils sont déjà consumés par les effets de la dope.

A la fin de cette furieuse journée, 5 verres plus tard, allongée dans le hamac, j’avais des visions et mon esprit et mon corps nettoyés par la transe/danse étaient au summum du bonheur…

La forêt amazonienne du Pérou

Et puis y eu l’anif de Fabrizio. Même recette. Jusqu’à 5h du matin. Faut absolument que je parle de ce moment-là…

Quand, alors qu’on se déchainait sur le hardcore le plus hardcore du monde, la Maestra (qu’était de la partie) s’est levée, entraînée par notre folie, pour danser avec nous…

Je sais pas si vous voyez le délire ! Voilà cette femme, plus de 60 balais au compteur, indigène corps et âme et un peu enrobée, chamane de surcroît, qui danse avec un dreadeux et une folasse à 2h du mat dans une maloca toute sombre en plein cœur de la jungle, sur la pire musique, la plus féroce, la plus violente et la plus rapide qu’existe sur Terre, comme si de rien n’était…

Putain, mais faut le voir de ses yeux pour y croire !

Merde, c’est pour ces instants-là que je vis. C’est pour ça que je voyage comme ça, que je continue à faire tous mes trucs de ouf. Je vous le dis, les gars, ça vaut tout le putain d’or du monde…

Maintenant, l’ayahuasca, c’est ma pote. Et c’est loin d’être fini entre elle et moi…

© Zoë Hababou 2022 - Tous droits réservés


Précédent
Précédent

Wanted Dead or Alive : Zoë Dubus, Historienne de la Médecine Spécialiste des Psychotropes

Suivant
Suivant

El Diario Latino #6 : The End