Le Prophète, Background : Une Histoire de Foi

Jusqu’où dois-je pousser ma Volonté ? Jusqu’où, pour faire partie des Véridiques ?

Genre : Biblique

Genèse de la nouvelle Le Prophète, par Zoë Hababou

Le Pitch

Un prophète s’aventure dans le désert pour éprouver sa foi. Plus les jours passent, plus le doute et la démence menacent de s’emparer de son âme. Mais c’est finalement le Diable qui va se présenter à lui.

La Genèse


LA FOI

Qu’on soit croyant ou non, le phénomène de la foi est un aspect fascinant de l’Homme, qui ne se résume pas à la religion. Qu’on décide de croire en Dieu, au destin, aux extra-terrestres ou en soi-même, la nature de la foi ne change pas : il s’agit de croire en quelque chose sans aucune preuve de son existence, de toute la force de son âme.

Ça faisait longtemps que j’avais envie de m’attaquer à ce thème. Le Prophète signe donc mon incursion sur ce terrain… glissant.

 

Qui est mis à l’épreuve : la foi, le Prophète ou Dieu ? Et surtout… par qui ?

Et la dernière partie consciente de lui-même se demande qui, de lui ou de Dieu, il est en train de mettre à l’épreuve.

Ici réside l’intérêt majeur de cette nouvelle, dans ces questions qui reviennent tout au long de l’errance du Prophète. A bien y regarder, ce voyage apparaît comme un effroyable test, voire un piège, mais qui l’a échafaudé ?

Le Prophète est-il totalement seul, engagé dans un bras de fer schizoïde avec lui-même ? Dieu est-il dans le coup, est-ce lui qui désire savoir jusqu’où peut aller l’Amour de son fils ? Et si le Diable était déjà présent, dès le début de l’intrigue ?

Ces questions ne trouveront pas de réponses claires, et pour cause ; tout se confond : le Prophète, le Désert, sa quête, Dieu et son silence ne cessent de permuter, si bien qu’on n’est jamais sûr de rien.

Mais c’est le principe de la foi, pas vrai ? Où prend-elle naissance, et qui sert-elle le plus ? Ce en quoi on croit, ou… celui qui croit ?

 

Le désert, miroir de la foi.

Est-ce que croire en Toi ne sera jamais qu’une marche sans fin vers un lieu qui m’appelle et se dérobe quand je suis près de l’atteindre ?

Le Désert est intéressant à ce niveau, parce qu’il personnifie à merveille ce que représente la foi, ce qu’elle implique, ce qu’elle inflige et ce qu’elle offre. Il est à mettre en parallèle avec l’évolution du rôle du Silence, que j’aborderai ensuite.

De la même façon que l’horizon n’est pas un lieu qui peut être atteint, la foi n’est pas un état qui peut être trouvé, du moins pas à jamais. C’est une chose vers laquelle on tend, une étoile polaire qui nous guide, mais qu’on ne pourra jamais posséder totalement. C’est un objet de réflexion, comme on dit en philosophie, presque une hypothèse de travail. Du moins moi c’est comme ça que je la vois.

Hormis Job qui s’est accroché à sa foi jusqu’au bout (pourtant, quand Dieu a laissé son destin aux mains de Satan, on peut dire que celui-ci a mis le paquet !), même Jésus a douté sur la croix (navrée, mais les interprétations de ses paroles toutes plus alambiquées, désespérées et tirées par les cheveux les unes que les autres qui tentent de justifier qu’il N’A PAS PAS DOUTÉ ne me convainquent absolument pas), comme le révèle cette phrase déchirante qu’il a prononcée sur la fin, oubliant pour la seule et unique fois le nom de Père pour celui de Dieu : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?

D’autre part, le Désert est un lieu aride, comme l’âme de celui qui croit et qui n’aura jamais la preuve qu’il a raison de le faire. Il est inflexible, à l’égal de cette âme-là. Et il est intransigeant. Cheminer à l’intérieur de lui revient à marcher seul dans son Amour. S’il est beau et puissant, il est aussi mortel. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut mater, apprivoiser et encore moins duquel on peut se rendre maître.

Il en est de même de Dieu. Croire en lui et l’aimer implique d’accepter son ascendant et sa toute-puissance, sans espoir de récompense, si ce n’est la beauté de sa lumière censée incendier l’âme des fidèles...

Voilà ce qu’il offre pour tout dédommagement. Voilà ce qu’on obtient pour tous ses sacrifices. Oui, c’est un amour à sens unique. Mais encore une fois, qui est le plus chanceux des deux : celui qui est aimé, ou alors… celui qui aime ?

 

La foi n’est pas que religieuse : Analogie avec l’artiste.

Je suivrai mon abîme, quoi qu’il m’en coûte. J’ai parcouru un trop long chemin pour reculer. M’abandonner définitivement à Ta Volonté est le seul moyen de comprendre ce qui vit en moi.

Je m’en suis aperçue en écrivant cette nouvelle, et c’est sans doute pour ça que ce thème m’intéresse, moi qui ne suis pas croyante : la foi est quelque chose que je connais, que j’ai personnellement éprouvé et expérimenté.

A un moment donné de la rédaction m’est apparu le fait que la quête du Prophète est en tout point similaire à celle de l’artiste ; suffit de remplacer la foi par l’œuvre et Dieu par l’inspiration, et on y est.

Comme le montre la citation, l’artiste est confronté aux mêmes doutes que le Prophète. S’il veut saisir le sens de son œuvre, il n’a pas d’autre choix que de la mener à terme, même s’il ne la comprend pas, qu’elle le dépasse et qu’elle lui inflige des sacrifices que personne d’autre que lui ne pourrait supporter.

Poursuivre la lutte, la création, même sans savoir pourquoi, est l’unique moyen d’entrevoir ce qui s’agite à l’intérieur. Et, oui, il s’agit probablement d’un abîme qui happe, comme pour se nourrir des tripes de celui qui le porte avant d’exploser au dehors, écartelant celui qui lui a donné vie, qui l’a nourri de sa substance et porté en lui sans l’avoir décidé. Un affreux alien, ouais.

Et y se pourrait bien que la foi ne soit rien d’autre qu’un typhon de l’âme.

 

La foi n’attend aucune récompense : Métaphore de l’artiste.

Ce monde perdu est plus libre que tout autre monde, parce que personne ne sait qu’il existe.

Ici, on entre sur un terrain encore plus personnel, mais puisqu’on y est, autant pousser le truc à fond.

Croire en Dieu, en soi ou en son œuvre doit se faire d’une manière totalement désintéressée. C’est pour ça que cette phrase n’arrive qu’à la fin de la nouvelle. Au début de sa quête, le Prophète est plongé dans l’ego. Il parle de lui, des autres, de son pouvoir et de son devoir. Les racines de ses intentions ne sont pas pures. Celles de l’artiste dans ses débuts non plus. Désir de gloire et de reconnaissance. Trucs à se prouver à soi-même. Voyez le tableau.

Quand le Prophète déclame qu’il ne cherche et n’attend rien, qu’il est juste là, dans le présent, il ment. C’est pourquoi la brèche vers le Diable s’ouvre.

Ainsi en va t-il de l’artiste.

Pardonnez l’expression, mais il n’y a qu’après une longue traversée du désert, qu’après avoir rencontré le Diable, et donc, par analogie, s’être confronté à son propre ego, que les intentions redeviennent pures.

C’est le message du Diable, pointant l’orgueil du Prophète. Mais au final, c’est grâce à lui qu’il gagne la lutte. Selon cette optique, le Diable n’est qu’un aspect de lui-même, le plus vile, qu’il personnifie pour mieux lui foutre dans les dents, lui montrer ce qu’il est vraiment. Lui faire goûter la noirceur de son âme.

La même chose arrive à l’artiste qui se pense maître de ce qu’il crée, jusqu’à ce que son œuvre devienne plus grande, plus importante que lui, au point qu’il ne puisse plus la comprendre pleinement, tout en lui imposant en chemin d’immenses sacrifices.

Et au final, seule elle compte. Peu importe les récompenses ou la reconnaissance du public. L’œuvre dépasse celui qui l’engendre.

 

Le doute métaphysique.

Je te parie que je peux croire malgré le doute. Tu veux vérifier ?

Je ne pense pas que le doute puisse être dépassé, en religion, en philosophie ou en art. Je pense qu’il faut savoir cohabiter avec lui, et même qu’il est l’aiguillon nécessaire à la foi, et à plus forte raison, à la sagesse.

Je pense que la condition humaine est bâtie sur les pôles les plus opposés de l’Univers : bête et ange, vivant en train de mourir, assoiffé d’absolu qui ne connaitra jamais que le relatif…

C’est comme ça, mais ça ne doit pas être un motif de paralysie.

Je crois qu’il faut foncer sans savoir où on va, et que c’est notre seul moyen de goûter à la puissance créatrice de Dieu, ou de n’importe quel nom qu’on lui donne.


LE SILENCE

Cette notion de silence me persécute depuis que j’ai vu le film de Scorsese qui porte ce nom, ayant pour thème des missionnaires portugais partis au Japon pour tenter de le convertir à la foi chrétienne. Inévitablement (eh oui, bande d’idiots !), tout le monde se fait torturer, les croyants, les convertis et les autres, et Dieu (comme c’est bizarre), ne lève pas le petit doigt, et surtout… ne sort jamais de son silence. C’est de là que le film tient son nom.

Et je vais vous dire : c’est déchirant.

Je m’étais toujours dit qu’il fallait que je travaille là-dessus (j’ai même lu le livre de Shûsaku Endô sur lequel est basé le film, histoire de m’inspirer), mais je pensais pas que ça naîtrait dans cette nouvelle. Bah voilà, c’est chose faite.

 

L’évolution du rôle du Silence : Refuge, Affront, Dignité Humaine.

Le silence du désert lui apparaît désormais comme un affront personnel.

Au début de la nouvelle, le Prophète est enchanté de quitter le monde des Hommes pour se consacrer à sa quête. Le silence et la solitude apparaissent comme les conditions nécessaires à la révélation qu’il attend. Il est persuadé que Dieu l’accompagne, il le sent et le voit tout autour de lui dans le Désert.

Mais plus les jours passent, plus l’absence de manifestations tangibles (apparition ou paroles) de la part de Dieu minent ses certitudes, et donc sa foi. Le Désert se transforme en supplice, l’horizon en but impossible à atteindre, et le silence en affront narquois de la part du Seigneur.

Pourtant, c’est finalement ce silence qui sauvera le Prophète. Une fois de plus, la réalité dépend de celui qui regarde. Le fait que Dieu se refuse à toute intervention est ce qui permettra à son fils de trouver en lui sa force intérieure, sa dignité, en gros, donc, d’assimiler la foi et de la reconnaître en lui-même plutôt qu’en Dieu. Il se voit comme son Père le voit, et ce regard lui rend sa dignité d’Homme, ce qui lui interdit de se morfondre dans le caprice narcissique et geignard de l’ego, qui exige que Dieu se manifeste.

 

Le silence de Dieu.

Quand sortiras-Tu enfin de ton silence ?

C’est ici qu’on bascule dans l’incertitude. Si Dieu existe, la vérité est qu’il laisse l’Homme à lui-même, si bien qu’il devient à la fois une force et une faiblesse pour celui-ci.

Ça peut signifier deux choses : soit Dieu est cruel, soit il sait que son silence est le meilleur moyen pour que l’Homme trouve en lui-même sa propre puissance.

 

La fusion entre le Prophète et son Père.

D’une certaine manière, ce silence le rapproche de son Père.

Voilà où on en arrive, déjà bien préparé par le commencement du récit, où le Prophète, Dieu et le Désert semblent parfois ne constituer qu’une seule et même chose dans l’esprit du marcheur fou. Et il est fort possible que toute cette démarche ne soit en effet, comme le dit le Diable, que la “quête schizoïde” d’un être en lutte contre son ego, à la recherche de son pouvoir personnel.

Mais quand la frontière entre folie et sagesse s’émousse, c’est là que ça devient intéressant, pas vrai ?

Le fait qu’on ne puisse pas distinguer les deux avec une parfaite certitude donne justement toute sa profondeur au récit.

Peu importe que Dieu existe ou non, que le Prophète parle tout seul au lieu de s’adresser au Diable, que le Désert n’ait jamais changé de nature et que ce soit le regard que le mourant lui porte qui le teinte de différentes intentions. L’appel de Dieu ou de ses propres entrailles, la souffrance causée par le silence d’un Père ou par cette solitude que tout esprit libre connaît, tout ça, ça revient au même.

L’être humain est trop complexe pour pouvoir définir sa réalité. Et à fortiori l’appeler sage ou fou.


LA VOLONTÉ

En tant que lectrice de Nietzsche, la notion de volonté est primordiale pour moi, d’autant plus que c’est précisément dans le désert que ce philosophe place les êtres qui selon lui sont les Véridiques. Et bien qu’on ait tendance à opposer Nietzsche à la chrétienté (ouais, ouais, Zarathoustra dit que Dieu est mort, je sais, mais faut aller un peu plus loin que ce cliché, les gars !), il y a chez lui des aphorismes qui ont la drôle de manie d’encenser… ce qui ressemble au divin.

C’est comme tel que nous devons le considérer, quand, exalté par l’ivresse dionysiaque jusqu’au mystique renoncement de soi-même, il s’affaisse solitaire, à l’écart des chœurs en délire, et qu’alors, par la puissance du rêve apollinien, son propre état, c’est-à-dire son unité, son identification avec les forces primordiales les plus essentielles du monde, lui est révélé dans une vision symbolique.

La Naissance de la Tragédie

N’est-ce pas que cette citation colle particulièrement à ma figure du Prophète ?

 

La Volonté vue par le Prophète et vue par le Diable.

- Mais qu’est-ce que la Volonté, sinon un glorieux aveuglement ?

- La Volonté est l’essence de l’Homme.

L’ambivalence de la notion de volonté oppose le Prophète au Diable, et remet une fois de plus en question la foi, qui selon le Diable s’apparente soit à la folie de l’aveuglement volontaire, soit à de sourdes manifestations de l’ego.

La question est fondamentale : l’Homme peut-il dépasser son ego pour rencontrer l’intention pure, dictée par sa conscience ?

Thème majeur de la philosophie, je ne prétendrais pas ici apporter de réponse. J’ai juste envie d’attirer votre attention sur le fait que c’est peut-être la perte de soi (folie ou sagesse), l’évanouissement des frontières du moi dans l’union mystique avec le monde (ou avec Dieu, peut-être), qui sont justement la seule voie vers la transcendance.

La quête mystique du Prophète, si elle le sort de lui-même, le ramène finalement en soi, mais un soi différent de celui qui est parti… Et ce dépassement, c’est grâce à la volonté qu’il est atteint.

 

La Volonté nietzschéenne.

Ici, je me contenterais juste d’une citation qui éclaire positivement l’histoire du Prophète :

Dans le sable jaune brûlé par le soleil, il lui arrive de regarder avec envie vers les îles aux sources abondantes où, sous les sombres feuillages, la vie se repose. Mais sa soif ne le convainc pas de devenir pareil à ces satisfaits ; car où il y a des oasis il y a aussi des idoles. Affamée, violente, solitaire, sans Dieu : ainsi se veut la volonté du lion. Libre du bonheur des esclaves, délivrée des dieux et des adorations, sans épouvante et épouvantable, grande et solitaire : telle est la volonté du véridique. C’est dans le désert qu’ont toujours vécu les véridiques, les esprits libres, maîtres du désert ; mais dans les villes habitent les sages illustres et bien nourris, les bêtes de trait.

Ainsi parlait Zarathoustra

 

Le sacrifice de soi est-il une magouille de l’ego ?

Tu étales ton “sacrifice” comme si le monde entier devait tomber à tes pieds d’adoration. Qui t’a demandé de sacrifier quoi que ce soit ? Qui t’a demandé d’éprouver ta foi ?

Eh ouais, Nietzsche est encore présent ici, dans les paroles du Diable qui présentent l’autosacrifice comme une manipulation, un aveuglement, une illusion. Rien d’autre que de l’ego, donc.

Mais là où les choses se corsent, c’est que le Prophète semble à la fois appartenir aux esclaves et aux aristocrates, selon les définitions nietzschéennes de la morale.

Certes, il se complait dans sa faiblesse et dans son rôle de victime, gamin abandonné par son Père prêt à tout pour que celui-ci daigne s’intéresser à lui. Le Diable n’a pas tort : il expose son martyre et provoque sa misère en exigeant que Dieu lui réponde ou reconnaisse le mal qu’il se donne pour lui prouver, ainsi qu’au monde et à lui-même, qu’il fait partie des “Véridiques”, comme il le dit si bien.

Mais d’un autre côté, après sa rencontre avec le Diable (qu’on peut donc voir comme la confrontation entre conscience et ego), il poursuit la lutte, se prenant désormais lui-même comme unique critère, continuant d’avancer malgré le doute qui le nargue. C’est un mouvement assez dionysiaque, en réalité, très loin du nihilisme qui est la marque de fabrique des faibles, des esclaves.

Le Diable a donc permis au Prophète de dépasser la condition d’esclave pour s’élever vers celle des forts, des aristocrates.


LE DIABLE

La douleur du Diable.

Il commence à s’éloigner quand soudain il se retourne pour rugir d’une voix étrangement brisée, son long corps tordu en deux par la force de ses cris : Va, aime-Le, ADORE-LE MÊME ! Mets-toi à genoux devant Lui et sacrifie-Lui tout ce qui fait de toi un Homme !

Comme dans la nouvelle du Journaliste, Satan est ici présenté comme proche de l’Homme. D’une certaine manière, on se demande s’il ne symbolise pas la partie juvénile et immature de celui-ci.

La remarque la plus pertinente qu’il fait est celle qui évoque le sacrifice de ses attributs humains pour mieux adorer un être qui, s’il existe, n’offre rien en retour, sinon un silencieux mépris.

Si le Diable incarne l’ego et Dieu la conscience, il est logique que les choses soient présentées ainsi. Abandonner sa personnalité et ses intérêts propres au nom d’une puissance universelle où les spécificités et qualités humaines particulières n’existent plus, c’est là tout le message du bouddhisme, et de la philo.

 

Apostasier, cesser de souffrir, et abandonner son âme au Diable.

Tu sais ce que tu dois faire. Un mot de toi, un seul mot, et tu es libre.

Renoncer à sa foi, arrêter de souffrir, mais pour avoir quoi en échange ? Où est le vrai courage, et où se situe la faiblesse ?

Le Prophète fait le choix de maintenir sa souffrance en conservant sa foi, quitte à en crever. Ici encore, le parallèle avec l’artiste est flagrant. Certains êtres ne peuvent tout simplement pas tourner le dos à leurs idéaux, même quand ceux-ci sont la cause de tout leur malheur. Certains préfèrent sacrifier leur raison sur l’autel de leur croyance, plutôt que de se retrouver… vides.

Connerie incommensurable ou force intérieure légendaire ?

Obstination délétère et puérile ou courage surhumain grandiose ?

Mépris de l’Homme et de ses instincts, ou bien encensement de l’énergie du Guerrier ?

Je crois que personne ne le sait, pas même Nietzsche.

 

Le Diable gagne t-il à la fin ?

C’est Dieu qui sera ta ruine. C’est Lui qui te mènera à ta mort, et à ta damnation.

Le message majeur des Chants du Désert est de présenter la passion et la perdition, et donc, ici, l’amour pour Dieu et la mort, comme complémentaires, voire indissociables.

A vous de voir selon votre interprétation de la crucifixion. La foi de Jésus l’aura bel et bien mené à la mort, et dans ce sens la prophétie du Diable s’est réalisée. Ensuite, il en va de la croyance de chacun de considérer qu’il a été sauvé, en tant que Fils de Dieu, ou alors qu’il est mort en tant qu’homme illuminé, par sa propre bêtise.

Une partie de moi est morte ici, mais celle qui reste vivra à jamais !


DIEU

Dieu et le Diable sur la même ligne (une voix dans la tête).

Tiens-donc ! Et pourrais-tu m’expliquer la différence, la différence FONDAMENTALE, qui existe, entre Lui, ET MOI ?

Peut-être que toute cette histoire n’est rien de plus que celle d’un fou qui se parle à lui-même, Dieu et le Diable comme ses démons personnels, ce que tendrait à prouver sa rencontre avec le Journaliste dans la nouvelle de celui-ci. Si Dieu habite le cœur du Prophète et le Diable sa tête, soit on est face à un Homme écartelé entre sa conscience et son ego, soit entre sa folie (Dieu) et sa raison (le Diable).

Mais ce n’est qu’une des interprétations possibles. Après tout, chez l’Homme, tout est personnel et intérieur. Son pire ennemi n’est personne d’autre que lui-même, et sa plus grande force réside également en lui, et non en une puissance extérieure qui lui dicterait sa conduite.

La liberté de l’être humain existe uniquement en lui-même, et la seule lutte, la seule véritable guerre qu’il mènera jamais est celle qui le confronte à lui-même.

Maintenant, il fait face à la sécheresse de son âme éprouvée et à l’aridité de son cœur assoiffé. Mais tous deux témoignent d’une volonté de vivre qui n’est discernable que pour un œil habitué à embrasser ce qui ne se voit pas.

Et alors, peut-être que vaincre le Diable ne signifie rien d’autre que se connaître soi-même.

Il n'éprouve plus la moindre pitié pour ce qu’il est, ne s’en trouve ni fier ni affligé. Il se voit juste tel qu’il est.


OK, on vient de franchir un nouvel échelon dans les cantiques de la perdition ! On continue le carnage, ou on prend le temps de respirer un coup ? La réponse avec la prochaine nouvelle…

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